Le désir d’être entendu(e) ou La juste attitude d’accompagnement
par Carole Braéckman
Trop souvent, nous abrégeons - par pudeur - l’expression de la souffrance morale de nos proches... Or avant tout, cette souffrance, cette détresse ont besoin d’être dites. Et par-dessus tout entendues !
Oui, l’approche de la mort peut être source de panique. Oui la dégradation physique cause de rébellions...
Ouvrons nos oreilles aux désarrois de nos aimé(e)s...
Comment rester au centre quand, en face, on rencontre la plainte, voire la culpabilisation.
Je vous prends un exemple récent. Une dame est en grande détresse par rapport à sa mère hospitalisée, m’interpelle :
Hier soir, elle voulait que je lui donne son manteau et que je la reconduise chez elle, me dit qu’elle serait mieux chez elle, qu’ici c’est triste, qu’elle ne se sent pas bien, que cela lui fait des nœuds, et qu’elle pleure, en me disant reconduis moi à la maison, ne me laisse pas ici, ne m’abandonne pas, c’est pas bien de me laisser, etc .....
- Entends son désir de rentrer chez elle. Dis-lui que tu la comprends. Mais que ce n’est pas possible actuellement. Et cette dernière phrase doit être dite de manière assertive.
Le désir doit être entendu, c’est respect humain. Mais on ne peut pas forcément y accéder si la sécurité ou le respect d’une autre personne (cela peut-être vous en l’occurrence !) est en jeu.
Ne passez pas trop vite sur les plaintes de vos proches. Bien sûr, il n’est pas très bénéfique de ne les laisser que dans la doléance, mais il est important d’entendre leur désir, même celui d’en finir :
J’en ai marre de cette vie ! Rien à foutre, débranchez-moi !
Alors, comme dit (sourire), pas pour y adhérer, mais pour que la personne se sente écoutée, prise en considération. Surtout si elle est diminuée par la maladie ou la vieillesse.
Une scène de vie in extenso
Lorsqu’une personne demande à mourir, très souvent – à moins qu’elle ne soit dans une grande douleur – a surtout besoin de douceur, de dignité, de tranquillité et... d’écoute…
Encore tout récemment, l’une d’entre vous m’a interpellée : Mon père demande qu’on cesse de s’acharner sur lui. Or il est nourri par perf’, n’est-ce pas aller contre sa volonté ?
- Ton père est malade. Tu sais bien, quand on est malade que les jours se suivent sans se ressembler et que le moral fait du yoyo.
Ce que ton père disait la dernière fois, n’est plus forcément valable - avec autant de conviction en tout cas.
La dernière fois, il était faible ET honteux de s’exposer devant ses enfants.
Aujourd’hui, peut-être son moral est-il encore vacillant, mais moins désastreux.
Parle-lui de sa souffrance morale, ne disparais pas derrière ta propre affliction à le sentir partant. Ose les larmes ! Ce n’est pas grave de pleurer. Ce qui serait dommage, ce serait de ne pas être là, par "pudeur" !
L’important, c’est qu’il se sente compris. Ou tout du moins écouté.
Dis-moi comment cela se passe pour toi, Papa ? qu’est-ce qui te pèse ? (Et laisse-le répondre !).
As-tu peur de la mort ? de la souffrance ? Que redoutes-tu le plus ? sont les petites phrases pour relancer...(et laisse-le répondre (bis)).
Opine quand il te raconte sa détresse. Ben oui, c’est archi-insupportable de se voir diminuer quand on a commandé sa vie de main de maître et qu’il faut confier à des inconnus le soin de vous mettre au propre... Qu’il en ressente du dépit, de la colère est tout à fait légitime. Normal, voire sain... Tu regrettes qu’il en soit là. C’est la vieillesse/la maladie qui veut cela. Aucune honte à avoir. Tous et toutes un jour nous passons par le chas étroit...
Quand il aura vidé tout son coeur, tu lui diras évidemment que tu n’as pas envie qu’il meure. Que cela ne va pas être possible de lui épargner cela mais que rien que l’idée t’en est profondément affligeante. Que tu feras tout, en tout cas, pour qu’il puisse garder sa dignité, même lorsque ce sont des soins dits dégradants qui lui sont administrés.
NB : Après tout, c’est le regard que nous portons sur ces soins qui leur donne leur coloration "normale" ou "avilissante". C’est nous qui jugeons. Torcher un bébé n’entre pas dans la catégorie des actes avilissants, spa ? alors pourquoi pour un(e) malade, une personne âgée, décrétons-nous que cela l’est ?
Et enfin, et seulement alors... tu pourras revenir à ces petits plaisirs de la vie (la visite du petit dernier de ses arrière-petits, en l’occurrence, la tartelette au citron du goûter...). Auparavant, il était dans l’incapacité d’entendre un mot de tes paroles positives... Et c’est bien normal. Il n’était pas écouté dans sa détresse, et devenait sourd ! en regard - si je puis dire (sourire).
Cela n’a pas loupé. Son père est revenu à la vie. Il a recommencé à manger et n’hésite même pas à piquer dans l’assiette de sa femme !
Il est une autre circonstance, je dirais primordiale, où le désir mérite d’être entendu : c’est celui trop peu écouté émanant des enfants.
Pourquoi primordial ? Parce que si le désir des enfants est écouté, ils/elles apprennent à l’exprimer, et donc le reconnaître ! Combien d’adultes incapables de reconnaître de quoi ils/elles ont vraiment envie, et qui se laissent mollement dicter leur vie par leur entourage !
La frustration n’est pas grave. Ce n’est pas elle qui engendre les caprices tant redoutés !D’un(e) enfant qui exprime son envie, on craint trop facilement qu’il/elle ne soit capricieux/se.
Mais si on prend régulièrement le temps de se pencher sur les raisons de son attirance, le désir n’est plus si impérieux, puisqu’il est reconnu et même légitimé !
Cf l’extrait de mon livre Elevons-nous : de l’enfance sur les caprices.
Un désir n’a pas besoin d’être exaucé, mais d’être entendu !
© Carole Braéckman - www.lhibiscus.fr – avril 2017
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