Un texte pour aider les hypersensibles à mieux mesurer l’ampleur de leurs facultés, afin de les apprivoiser, de les accueillir, et d’en tirer le meilleur !
L’hypersensibilité est très souvent définie - et c’est une véritable réalité ! - par des perceptions sensorielles hyperdéveloppées : vous percevez tout (lumières, odeurs, sons...) de façon décuplée ! et souvent agressive, donc...
Je voudrais attirer votre attention sur un autre aspect, complémentaire, rarement abordé : la perméabilité à autrui et à l’environnement...
Je vais tout d’abord vous livrer quelques éléments clés de ma vie qui ont éclairé mon hypersensibilité.
Comme la grande majorité d’entre vous, personne ne m’a jamais appris à gérer mon hypersensibilité. J’ai bien pataugé ! avant que des événements ne m’apportent lumières, réponses, et solutions. Ouf !
Hypersensibilité est un mot que j’ai appris à passé quarante ans. Avant, je me traitais de chochotte, de petite chose et autres mots amènes ! J’en "entends" déjà qui se reconnaissent !
Première histoire
J’ai vraiment halluciné, et saisi qu’il y avait un lézard ! lors d’un épisode assez effarant.
J’avais entendu, un jour, une belle femme d’une cinquantaine d’années, bien mise, déclarer qu’elle se pissait dessus, sans aucun signe avant-coureur. Elle expliquait, avec dignité, les dents serrées, le calvaire quotidien de sa maladie. Sans rien sentir venir, tout d’un coup, elle réalisait que l’urine coulait le long de ses jambes. Elle se promenait toujours avec slip et pantalon de rechange, après avoir eu des périodes où, terrorisée, elle avait préféré se terrer chez elle, plutôt que de risquer les fuites.
Ces confidences ne m’étaient pas destinées en tant que thérapeute, et même pas personnellement. Mais je l’avais écoutée avec grande sidération.
Quelques quinze jours plus tard, chez moi, à des milliers de kilomètres de là, dans ma salle de bains - donc sans vicissitude excessive - je me suis soudain sentie trempée ! Le récit de la belle dame m’est alors, et alors seulement, revenu ! Miyard !
J’avais commencé à me douter d’être d’une belle perméabilité aux émotions des autres, mais aux maladies ! Ce fut une découverte importante ! Grâce au ciel, cet incident ne s’est jamais reproduit. Je n’ai plus jamais revu la personne et je me demande si le fait que j’ai été sensible à son désarroi avait pu la libérer un peu. (J’élucubre à partir des émotions, je sais que ma porosité aux émotions des autres leur apporte très souvent un joli réconfort. Je vais y revenir.)
NB : je sens un frisson parcourir les chaumières ! Ressentir ne veut pas dire acquérir ! Je ne suis pas en train de vous développer une conception, toute nouvelle et... non médicale !, de la contagion ! Je pense que les hypersensibles peuvent percevoir, et manifester des symptômes qui ne leur appartiennent pas, que cela les fatigue, oui, et les met dans le plus grand désarroi, voire l’appréhension de développer des maladies, mais pour autant ces craintes sont sans fondement et restent du domaine des peurs...
Depuis cette mésaventure, lorsque j’éprouve des symptômes inattendus compte-tenu de ma bonne santé physique, je prononce toujours une petite phrase magique : Que ce qui ne m’appartient pas me quitte, et j’ajoute : et quitte aussi la personne émettrice ! Et très très souvent, le malaise disparaît.
Seconde histoire
Le deuxième récit que je vous livre est tout frais. J’ai revu, récemment, une amie de ma jeunesse. Nous avions perdu contact depuis près de 40 ans... Et voilà-t-il pas qu’elle corrobore une hypothèse que je commençais timidement à me formuler ! Elle a été très étonnée de lire dans mon site que je prétendais avoir été une belle furibarde : A vingt ans, tu paraissais très posée au contraire. Hum ! Il est exact - je m"en faisais la réflexion dernièrement - que mes colères n’avaient duré qu’un temps et avaient été circonscrites au domaine professionnel... Se pourrait-il que j’ai perdu ma nature de jeune femme posée (sic) au contact d’un collègue pathologiquement furieux ? Et si ce "passé de colérique" n’avait été qu’une incroyable résonance avec cet homme rageur ?
Vous réalisez le lièvre que je soulève ? Cela signifie que j’ai été cataloguée irascible, pendant un bout de vie. Si je n’avais pas décidé de changer, si je n’avais pas fait tout ce chemin (finalement, merci à ce collègue, grâce à qui j’ai bougé !), je pourrais encore me croire colérique !
Et corollaire autrement plus grave, car disons que moi, je m’en suis sortie ! combien de personnes sensibles sont-elles emprisonnées sous des étiquettes qui ne leur correspondent pas "en vrai" ? Où est notre véritable nature ? Qui sommes-nous vraiment ?
Cela ne vous donne pas le vertige, à vous ?
Pour revenir à mon cas, qui nécessite de ma part une vigilance quotidienne, il s’avère que, dans 99 % des cas - bon, j’exagère sans doute un peu, c’est mon tempérament latin qui amplifie ! - je suis traversée par des émotions, sensations, pensées, mal-êtres, malaises... qui ne m’appartiennent pas ! C’est énorme ! Il peut sembler difficile de se trouver dans tout ce fatras-là. Mais j’y arrive. Ce fut un trajet sinueux, mais indéniablement, j’ai débouché sur une jolie clairière !
Vous vous doutez que si je vous raconte cela, c’est afin que vous puissiez être attentif/ve dans votre vie, et examiner si vous n’êtes pas, vous aussi, dans le cas. J’imagine que la plupart des hypersensibles ne réalisent même pas à quel point, ils/elles peuvent l’être.
Et aussi, bien sûr, pour vous aider à transformer ce qui vous paraît sans doute, pour le moment, n’être qu’un fardeau, en un avantage ! Ou tout du moins, en avoir une vision plus nuancée...
Manifestations de l’hypersensibilité
L’hypersensibilité joue sur tous les tableaux : émotions, maladies, pensées...
L’hypersensibilité se révèle donc dans une perméabilité aux émotions des autres. Vous allez bien, et soudain, vous vous sentez lourd(e), et chagrin(e), ou agacé(e), comme ça, inopportunément ! Regardez bien autour de vous ! Il est possible que vous ayez capté quelqu’un(e) avec chagrin et ou colère. Ou maladie...
La porosité ne se manifeste pas qu’avec des proches
Cela peut vous arriver avec de parfait(e)s étrangers/gères, des gens que vous croisez dans la rue, dans le métro. Vous êtes attiré(e) par une allure ou un regard, et hop ! vous captez un lot d’émotions et de mal-être...
L’hypersensibilité ne se manifeste pas qu’avec la parole
Vous pouvez fort bien, sans qu’aucune confidence ne vous soit faite, capter les émotions et maladies des autres...
L’hypersensibilité se révèle aussi dans des lieux
Vous pouvez aisément récupérer l’énergie de lieux et vous en sentir mal (ou bien !). Cela provient des matériaux utilisés, des ondes, des lumières, des bruits ! mais aussi de ce qui y a été vécu...
L’hypersensibilité peut se manifester à distance
Vous pouvez, lorsque vous pensez à une personne, capter son état émotionnel ou physique. Oui, rien que de penser à cette personne.
J’ai déjà raconté comment la guerre du Golfe avait éclairé ma lanterne à ce propos : des frères et sœurs humain(e)s, totalement inconnu(e)s, à l’autre bout du monde, qui nous touchaient tous et toutes, et dont la souffrance et la terreur nous mettaient si mal, à notre insu !
L’hypersensibilité peut générer de l’angoisse Votre cœur se serre, votre poitrine rétrécit, vous vous sentez lourd(e)... vous êtes saturé(e) d’énergies qui ne vous appartiennent pas forcément...
Petite typologie des hypersensibles à ma façon
Cette typologie n’est absolument pas brevetée ! Elle a juste pour objectif de vous aider à repérer l’hypersensibilité, en vous et autour de vous. Nous rentrons tous et toutes probablement, tour à tour, et à des degrés divers, dans chacune de ces cases...
Les désorienté(e)s
A force de capter alentours, ces hypersensibles se perdent, et ne savent plus qui elles/ils sont, ce qu’ils/elles désirent vraiment... Ce sont des personnes qui peuvent se laisser facilement couler dans le désir des autres. D’autant plus, si leurs désirs enfantins n’ont jamais été écoutés, que leur personnalité n’a eu aucune latitude pour s’épanouir...
Les effaré(e)s
Les hypersensibles peuvent assez vite arriver à saturation d’énergies mêlées, de bruits, de couleurs, d’agitation... Elles/ils entrent alors dans un état de sidération effrayée, et ne peuvent réfléchir ou agir...
Les apathiques
C’est le stade suivant : complètement congestionné(e)s, voire nauséeux/ses d’un excédent de perceptions, ils/elles se prostrent...
Les hyperactifs/ves
Certain(e)s hypersensibles fuient leur trop-plein de perceptions, de sensations, dans une hyperactivité. Ils/elles foncent dans la vie, comme on le ferait sous la pluie avec la croyance que nous ne serons pas mouillé(e) ! Vaine croyance ! Quand vous arrivez à bloquer un(e) tel(le) hyperactif/ve, qu’il/elle accepte de se poser, il/elle finit par admettre que son authentique tempo n’est pas la vitesse, bien au contraire !
Les psychorigides
D’autres encore serrent les dents, et s’accrochent à des règles, à ce que la vie devraient être, ils/elles serrent les dents sur leurs contrariétés, sur les larmes qui pourraient les submerger... etc. Et qui les submergent lorsque, enfin, ils/elles lâchent !
Les farfadets
Un peu du genre des hyperactif/ves, mais en moins volontaires, avec plus de légèreté, ils/elles papillonnent d’une activité à l’autre, sans se poser. Sont capables de vous donner le tournis, parce qu’en fait, eux/elles mêmes ont le tournis ! Et n’ont pas d’objectif précis, au contraire des hyperactif/ves qui planifient...
Les geeks horrifiques ! et autres drogué(e)s
Un peu comme les hyperactif/ves, ils/elles foncent dans des jeux vidéos, jeux de rôle, les plus fantastiquement horrifiques... et en sortent exsangues (ben tiens !) Cela leur est comme une drogue... Il en est d’autres...
Les "pots de miel"
Ce sont les personnes qui attirent tou(te)s les blessé(e)s de la terre.
Dame ! elles sont comme des buvards qui boivent les émotions des autres... et les en délestent au moins partiellement. Elles comprennent si bien !...
Nous sommes tous et toutes sensibles, plus ou moins. Comme nous sommes tous et toutes chevelu(e)s, plus ou moins.
Si vous vous reconnaissez ici ou là, si vous savez que vous êtes très/trop perméable au monde, voici quelques conseils simples pour avancer sur votre joli chemin...
Repérer et gérer l’hypersensibilité
Comment faire le tri
Comment pouvez-vous dépêtrer ce qui vous concerne personnellement de ce qui n’est qu’emprunt aux autres ?
Savoir que tout ce qui vous traverse ne vous appartient pas forcément est déjà une clé importante.
Pratiquez une vigilance : Est-ce que ce que je ressens/pense là tout de suite m’appartient vraiment ? Souvent, dans la journée, tâchez de vous surprendre. Vous allez probablement être fasciné(e)...
Repensez alors aux conversations, aux personnes croisées, ou simplement évoquées... et voyez si vous ne pouvez pas attribuer à d’autres sources que la vôtre ce qui vous affecte...
Ou prononcez tout simplement la formule magique : Que ce qui ne m’appartient pas me quitte, et ajoutez charitablement : Et quitte aussi la personne...
Impossible de tout clarifier
Vous n’êtes pas obligé(e) d’élucider toutes les provenances de vos bobos. Ce n’est pas cela l’important. Et puis, c’est impossible ! Vous pouvez avoir posé le regard sur un clochard dans la rue et avoir hérité d’une de ses pensées... et avoir complètement rayé la rencontre de votre tête.
Ce qui est essentiel, c’est que vous viviez le plus souvent possible dégagé(e) de tout ce qui n’est pas vous !
Conseils de pratiques aux hypersensibles
Voir aussi la liste de conseils pratico-pratiques mais aussi une liste de précautions, règles de vie afin de ne pas vous affaiblir...
Une feuille au vent
Laissez-vous traverser, laissez-vous malmener... Au plus vous résistez en vous disant Oh non ! Je ne veux pas prendre sa tristesse, ou sa maladie, au plus vous vous crispez... Et dans ces cas-là, tout ce qui traîne est pour vous. Si vous acceptez, accueillez, vous n’êtes plus que traversé(e), un peu agité(e) comme feuille au vent... Ne résistez donc pas, laissez-vous danser la danse de l’humanité...
Résolument émetteur/trice et non plus éponge
Une tactique éprouvée consiste à émettre au lieu de faire l’éponge et de ramasser tout ce qui traîne.
Responsable
Emmetteur/trice de "bonnes choses"
D’ailleurs en parlant d’émettre, soyez assuré(e) que vous avez votre rôle à jouer. Si vous êtes conscient(e) de la perméabilité, de l’interdépendance, vous vous sentirez responsable de ce que vous-même émettez.
J’ai fumé une ultime cigarette le jour où j’ai capté qu’un bébé chéri de mon cœur – à une vingtaine de kilomètres de là ! - en pâtissait...
Eh oui, les premiers hypersensibles sont les enfants !
Prendre grand grand soin de soi
Réaliser la porosité de l’un(e) à l’autre, l’interdépendance, nous pousse en effet à nous chouchouter. Vous ne voulez pas nuire aux enfants de votre entourage, n’est-ce pas ? Ni à vos proches et même moins proches...
Réalisez vous que votre marge est mince ? Vous DEVEZ prendre soin de vous. Ça c’est votre part à vous !
Les aspects positifs de l’hypersensibilité
Eh oui ! Être hypersensible, fort heureusement !, ne présente pas qu’un poids !
Sensibilité aux bonnes choses
Mettez vous en tant que feuille (sic) dans les bons courants bien chauds, bien tendres, car votre hypersensibilité se nourrit aussi de positivité ! Une belle personne, un beau décor, une riche énergie ! et vous voilà ravigoté(e) !
Et vivent les forêts ! Décidément !
Être conscient(e) de cette capacité à se régénérer – et en user ! - permet aux hypersensibles de se sentir très solides, malgré leurs évidentes fragilités !
Sensibilité aux autres
Les hypersensibles sont souvent de belles personnes à fréquenter. Leur empathie leur donne une excellente écoute ! Parfois, un(e) hypersensible pourra vous éclairer sur ce que vous ressentez alors même que vous enfouissez vos sentiments, vos émotions...
Ce sont des graines de thérapeutes en tout genre ! Mais aussi, de très bon(ne)s ami(e)s ravigotant(e)s à qui se confier ! (Hum ! À eux de ne pas se laisser noyer !)
Sensibilité à la subtilité
Il est évidemment des effluves que seul(e)s les hypersensibles peuvent ressentir. C’est d’ailleurs pourquoi ce sont souvent des artistes, des créateurs/trices...
Rappelez-vous qu’on peut être être artiste sans le savoir...
Si le monde des hypersensibles est un monde vite effaré, c’est aussi un monde où la lumière est fine et chatoyante...
© Carole Braéckman – www.lhibiscus.fr - juillet 15
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