L’hibiscus

Pas facile d’être un homme !

par Carole Braéckman

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Est-ce si facile d’être un homme ? Mouais !
On ne naît pas homme, on le devient... Aussi ! (sourire).
C’est l’éducation, la culture, en grande part, qui forgent les "caractères"...
Comment en vouloir aux impétrants ?

Je m’adresse ici majoritairement aux femmes. Car ce sont elles, le plus souvent, qui se plaignent. Et elles que je voudrais interpeller sur leurs propres contradictions et responsabilité. Si si !
Néanmoins, mon texte peut aussi concerner des hommes déconfits devant la figure inaccessible d’un ami, d’un frère...etc. Et il peut aussi, sans danger, si ce n’est celui de laisser fondre quelques masques !, être lu par tous les hommes ! N’hésitez pas ! Nous avons tous et toutes à y gagner !

J’y suis, bien sûr, caricaturale : il existe des hommes tendres comme des laitues, et des femmes abruptes comme des rocs... Et toute une palette nuancée d’humain(e)s. Evidemment. J’ai bien conscience de vous parler d’êtres vivant(e)s : il n’y a pas deux marguerites semblables ! je le sais bien !
Pourtant... je pense que personne ne s’en sort complètement indemne



Pauvres hommes !
"Il est sans cœur !" "Il est insensible !" "Rien ne l’atteint !" "Il ne dit jamais rien !" "C’est un taiseux !"
Pas facile d’être un homme !

Il n’est pas rare que j’en entende de bien tristes à propos de vos compagnons, de vos fils, de vos frères, de vos chéris, de vos pères... etc ! Ils seraient sans cœur ! - ben voyons – insensibles – n’importe quoi !...
Par contre, qu’ils soient nombreux à ne pas savoir parler de leurs émotions, ça oui, je vous l’accorde. Peu d’hommes en sont capables ! Il en existe, j’en connais ! mais ils ne sont pas si nombreux.
Et non, ce n’est pas consubstantiel au fait d’être un homme. Si un homme ne sait pas parler de ses émotions, c’est qu’il n’a pas appris, qu’on ne l’a pas encouragé – du tout ! - sur cette voie ! "Un homme ne pleure pas" serine-t-on encore trop souvent aux petits garçons. Ben voilà ! Quand ils sont grands, ils ont retenu la leçon, ils jouent les fortiches, ils pleurent en cachette, ils serrent les dents... et ils paraissent insensibles, inatteignables ! Leur masque est tout trouvé ! Un masque d’homme !
Le pire de l’affaire, c’est que leur entourage est parfois – que dis-je : parfois ! souvent ! dupe ! Et en arrive même à leur faire procès de cette difficulté à être.
Alors, non, les hommes ne sont pas des durs à cuire. Ils ont la même sensibilité que les femmes, le même chagrin lors des coups durs de la vie, la même douleur, la même peine... mais, plus encore qu’elles, ils ont appris à cacher leurs sentiments.
En sont-ils d’ailleurs encore conscients d’avoir cette sensibilité ? Parfois je me le demande... Et j’en suis bien triste pour eux ! Certains d’entre eux vous jureraient qu’ils possèdent bien l’impassibilité dont ils témoignent.
En apparence, car chez un homme inflexible, je vois souvent, à un durcissement de la mâchoire, un regard éperdu, le petit garçon qui ravalait ses larmes... Pauvre !
Vous savez bien, il est certains évitements qui ne trompent pas. Ne croyez pas que ce soit sécheresse de cœur, pensez plutôt que certains sujets amènent trop vite les larmes, ou plutôt amèneraient, car comme ils sont bottés en touche, la face est sauve et les émotions épargnées... En apparence, toujours. Car les émotions sont belles et bien là, qui font du vilain derrière la froideur apparente. Ces hommes qui ne pleurent pas ou pleurent si rarement, peuvent être de grands colériques. Ou des bougons. Et si, de surcroît, leur entourage se met à les chamailler, excédé devant leur fausse insouciance, ce sont de belles bagarres alentour... Ou de bien lourds silences !
Et puis, il est des personnes qui ont tant souffert qu’elles sont comme anesthésié(e), parce que trop est inhumain ! Elles perdent comme leur intelligence devant une scène ou un reproche, et paraissent alors inaccessibles et parfaitement détachées.

C’est parfois à l’occasion d’un événement grave, voire très grave, que sautent les barricades, les protections, que se dénouent les masques et que, enfin, coulent les larmes ! Enfin !
Parfois, c’est pour toujours qu’a craqué l’armure. Parfois, seulement pour un temps. Las, l’homme a repositionné son masque. Et l’entourage reprend facilement ses procès.
Ces moments de craquelure devraient vous inciter à sentir l’émotion de celui qui cache si bien/si mal son jeu. Si vous ne restez pas connecté(e) à ces fêlures, vous pourriez chacun(e) reprendre les rôles là où vous les aviez laissés. Mais alors, vous êtes largement dans la co-création ! Vous avez raté l’occasion de tendre la main, de consoler... Ou avez-vous si vite oublié ? Vous avez, de votre côté, si peur de ne pas être aimé(e) que vous prenez au sérieux cette figure d’inflexibilité, et enfouissez, au secret de votre cœur, les scènes qui pourraient vous dévoiler un autre homme. Au moindre retour du masque de l’homme ombreux, vous avez oublié qu’il n’était pas tout de marbre, qu’il avait récemment prouvé qu’il était aussi... un homme fragile, un homme sensible, un humain, quoi !

Je reconnais que cela peut vous sembler très troublant d’admettre la fragilité d’un père, d’un compagnon. Le monde binaire qu’on vous a décrit lorsque vous étiez jeune : les hommes forts/les femmes fragiles peut vaciller sur ses bases et susciter un sentiment d’insécurité...
Je vous invite néanmoins à oser la nuance. Chacun(e) d’entre nous est tour à tour vulnérable et fort(e), et peut être consolateur/trice ou consolé(e)...
Reconnaître la fragilité d’un homme, c’est lui permettre de respirer, et d’oser être lui. Et c’est aussi pour les femmes, prendre la responsabilité de leur propre force.
Ne laissez pas les hommes de votre vie s’enfermer dans de douloureux mutismes. Ne restez pas, vous-même, uniquement sous votre masque de faiblesse. Soyons les un(e)s pour les autres, mutuellement, tendrement humain(e)s et présent(e)s.



© Carole Braéckman – www.lhibiscus.fr – décembre 2013


Certain(e)s me soutiennent que tout cela a bien évolué ! Que de plus en plus d’hommes osent parler de leurs émotions, de leurs sentiments.
Oui, oui, c’est exact, ça s’est - un peu - assoupli. Mais il y aurait encore beaucoup à dire ! Je connais trop de personnes en détresse devant la prétendue dureté des hommes de leur entourage, et trop d’hommes marqués de chagrins retenus...
Un jour, promis, je vous écrirai un texte pour vous pointer les micro-attitudes éducatives qui font encore le nid à des différences et sont de véritables injonctions sexistes. Pas besoin d’asséner "Un homme ne pleure pas" pour passer le message...








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